Accès lexical et dysphasie 3

Catherine Coulombe (3)

Catherine Coulombe (voir CECI et CELA) poursuit en nous offrant son cahier d’activités orientées sur la prise en charge orthophonique de ces difficultés d’accès lexical.

Présentation

« Philou et la chasse aux mots » est un cahier d’activités qui vise le développement des habiletés d’accès lexical chez les enfants d’âge scolaire, principalement pour ceux de maternelle et du premier cycle du primaire. Les différentes activités proposées tendent à amener l’enfant à utiliser diverses stratégies afin d’améliorer l’emmagasinage d’informations au niveau de l’entrée lexicale et la récupération des mots.  Différents objectifs sont poursuivis à travers la réalisation des apprentissages :

1.      Amener l’enfant à augmenter ses habiletés métalinguistiques afin qu’il développe un meilleur contrôle et une meilleure gestion de son accès lexical.

2.      Favoriser l’utilisation de stratégies de reconnaissance globale des mots à l’écrit.

3.      Amener l’enfant à utiliser ses habiletés métaphonologiques pour l’aider à construire son lexique.

4.      Augmenter les habiletés sémantiques chez l’enfant et leur utilisation dans la construction du lexique.

5.      Amener l’enfant à être conscient des rôles grammaticaux des mots.

6.      Favoriser l’autonomie de l’enfant dans la recherche de stratégies facilitant l’accès lexical.

7.      Favoriser l’auto-indiçage.

Principes de base

La plupart des études effectuées au niveau de l’intervention en accès lexical ont tenté de démontrer l’efficacité des thérapies plaçant l’emphase sur l’emmagasinage ou la récupération de l’information lexicale. Malheureusement, il n’est pas encore possible pour le moment de déterminer si une approche est plus utile que l’autre. D’ailleurs, il semble se dégager qu’une combinaison des deux approches soit ce qui est le plus efficace au niveau de l’accès aux mots.  Les processus d’emmagasinage et de récupération étant très liés l’un à l’autre, il est logique de penser qu’une utilisation conjointe des deux approches puisse porter fruit.

Principe 1 : Favoriser à la fois l’emmagasinage et la récupération dans l’intervention au niveau de l’accès lexical

Ceci dit, les interventions effectuées en clinique en accès lexical ne visent souvent que le développement des connaissances sémantiques et la compensation du handicap causé par le trouble par l’utilisation de circonlocutions. Or, il est maintenant reconnu que l’entrée lexicale constitue bien plus qu’une simple représentation sémantique. En effet, selon Levelt (1989), l’entrée lexicale serait composée d’au moins quatre représentations, soient les représentations sémantique, syntaxique, morphologique et phonologique.  Une représentation orthographique des mots serait aussi emmagasinée dans le lexique chez les enfants qui ont accès au langage écrit. De plus, des liens entre les différentes entrées lexicales découleraient des représentations et de la combinaison fréquente de deux mots dans la langue. De ceci, découlent les deux prochains principes du cahier d’activités :

Principe 2 : Favoriser le développement de l’ensemble des représentations de l’entrée lexicale

Principe 3 : Favoriser l’établissement de liens entre les différentes entrées lexicales.

D’autre part, certains auteurs se sont questionnés quant à l’efficacité de renforcer les liens entre les différentes entrées lexicales. Étant donné que l’enfant présentant des difficultés d’accès lexical produit souvent des paraphasies, il est fort possible que le trouble soit dû en partie à un déficit au niveau de la désactivation des entrées lexicales. Ainsi, l’enfant avec un trouble d’accès lexical n’arriverait pas, au moment opportun, à différencier l’entrée cible de sa voisine. Une emphase seule sur les ressemblances entre les entrées lexicales pourrait donc être nuisible dans certains cas. Ainsi, un autre principe a été formulé dans l’élaboration des activités.

Principe 4 : Mettre en relief les distinctions entre les entrées lexicales qui sont semblables au niveau de leurs représentations.

Malheureusement, l’intervention au niveau de l’accès lexical en orthophonie s’avère souvent infructueuse parce que les habiletés démontrées dans les activités effectuées dans le bureau ne se transfèrent pas dans la vie quotidienne de l’enfant. De plus, bien que certaines habiletés aient été entraînées, l’enfant n’arrive souvent pas à les utiliser de façon autonome dans les situations de manque du mot. Afin de maximiser l’efficacité de l’intervention, ces trois derniers principes ont été tenus en compte lors de l’élaboration du cahier :

Principe 5 : Utiliser du matériel signifiant et utile pour l’enfant (listes de mots utilisés en classe, vocabulaire usuel,  mots étiquettes, etc.)

Principe 6 : Favoriser la prise de conscience chez l’enfant des manifestations de manque du mot et des façons d’y remédier

Principe 7 : Travailler les habiletés d’accès lexical dans plusieurs contextes différents afin de favoriser la généralisation.

Visionnez ou téléchargez

programme-complet-1(pdf, 10.37 Mo)
programme-complet-2(pdf, 7.13 Mo)

philou

MERCI CATHERINE !!!

Pensez, svp, qu’un petit mot en retour pourrait lui faire plaisir.
Car il y a des jours comme celui-ci où l’on se sent vraiment gâtés …


42 réflexions sur “Accès lexical et dysphasie 3”

  1. Ping : Accès lexical et dysphasie. Catherine Coulombe (1) | Pontt

  2. Un grand merci à Catherine C qui me permet d’utiliser un support agréable , très clair pour les petits patients. Je travaillais de cette façon mais mes supports bricolés en séances étaient
    beaucoup moins réussis. Merci encore.

  3. J’ai beau chercher et chercher sur le site et je ne suis pas capable de trouver ou commander philou et la chasse aux mots. SVP pouvez vous m’aider

    Merci

    JOsee

    • Bonjour,
      Quelques centimètres plus haut que ce commentaire, vous voyez la photo de philou qui lève le doigt et a une ampoule sur la tête. Au-dessus, on dit « Visionnez ou téléchargez » et il y a deux liens vers des pdf (parties 1 et 2). Vous cliquez sur ces liens et c’est gagné.
      N’oubliez pas que ce matériel est créé par une orthophoniste à destination des orthophonistes. Transmettez donc cet outil à votre orthophoniste ou logopède.
      Merci.

      P.S. Il n’y a rien à commander, c’est sans doute ce qui vous a surpris. Pontt ne vous propose que du « gracieux ».

  4. Bonjour,

    Ma fille a un trouble d’accès lexical. J’aimerais savoir ou peut on se procurer le cahier d’exercice, philou la chasse aux mots.

    Merci

    Josee

  5. Bonjour, je viens de voir le partage de Catherine Coulombe sur l’accès lexical et dysphasie. MERCI pour ce partage, je vais l’utiliser avec plusieurs enfants en difficultés ! Mille mercis !

  6. Merci pour les petits trésors partagés. 

    votre site m’a beaucoup aidée dans ma pratique orthopédagogique (débutante!)

    Belle continuation

    Madeleine

  7. Un magnifique travail, très complet!! Merci, vraiment, vous avez dû y passer un temps fou! En tant qu’étudiante en orthophonie (2A), ce type de matériel est très rassurant pour les débuts dans la
    profession et donne plein d’idées (reste à les mettre en oeuvre avec autant de talent que vous!)

  8. En réponse à Adeline qui remarquait quelques omissions dans le cahier, voici les précisions que j’ai offertes sur le site d’orthophonie Québec

    L’une d’entre vous m’a fait remarquer qu’il manque le truc no.6 dans le recueil d’activités. Il
    s’agit là d’une malheureuse et bête erreur de numérotation. Mais voici quelle a
    été ma réponse pour avoir l’air moins étourdie! J’ajouterais à cet endroit des
    exercices traitant de la métamorphologie: genre des mots, particularités au
    pluriel, conjugaisons des verbes, etc.
    Il manque aussi une planche de la ville pour le jeu de détective. Le document
    que j’avais utilisé à l’époque ne m’est plus disponible et il aurait été trop
    lourd au niveau informatique. Je vous propose d’utiliser une planche de jeu qui
    pourrait se retrouver dans un jeu de type cherche et trouve ou dans les livres
    du même type.

    Si vous êtes allés lire les commentaires sur pontt (passez par-dessus les
    remerciements!), il y a un post intéressant d’une personne formée en gestion
    mentale, qui a, à mon avis, apporté des précisions intéressantes par rapport à
    la mémorisation des formes écrites des mots.

    Avec l’expérience de l’intervention et suite au fait d’avoir côtoyé différentes
    clientèles, j’ajouterais moi-même, à la lumière des infos dont je dispose, que
    l’utilisation de la gestuelle pourrait être une avenue intéressante à aborder
    dans l’emmagasinage des informations et la récupération de ces mêmes infos.
    L’utilisation du code gestuel m’a paru aider plusieurs enfants dont les
    atteintes étaient majeures (TED, DI, trisomie) et étendues à l’ensemble du
    système langagier. J’ai pris l’habitude de coder pratiquement tout les mots
    d’une phrase simple de manière gestuelle en rééducation et ai trouvé cela très
    utile pour l’intégration des mots-fonctions dans les phrases. Ces mots
    fonctions, dont les représentations sémantiques sont, avouons-le, très minces,
    ne sont jamais rééduqués dans les thérapies visant l’accès lexical. Nous devons,
    tout de même y accéder pour les utiliser. Bref, si j’avais un autre congé de
    maternité à consacrer au sujet, je me pencherais probablement sur l’utilité du
    codage gestuel dans l’accès aux mots…

    Finalement, bien que plusieurs des activités qui sont présentées dans le cahier
    demandent un certain niveau de compréhension, ne vous laissez pas décourager
    pour autant chez des enfants moins bien développés à ce niveau. J’ai fait des
    tâches de métaphonologie avec tous les enfants trisomiques de 4 et 5 ans que
    j’ai suivis et vous seriez étonnés de voir à quel point ils sont en mesure d’y
    participer, pour peu qu’on se donne la peine d’illustrer le tout de manière
    concrète.

    J’espère le tout utile à quelques-unes et apprécie toujours vos commentaires qui
    permettent à tous de poursuivre la réflexion.

    PS L’illustration des différents trucs numérotés avait été mise sur une page isolée pour chaque truc en prévision qu’on puisse construire une petite trousse à l’enfant qui contiendrait tous ses
    trucs

    Au plaisir, Catherine Coulombe

  9. Bonjour ! Merci pour ce partage, voilà une structuration du travail qui rend les choses bien claires. Le graphisme est très agréable, et j’aime beaucoup l’idée de donner « des trucs » à l’enfant :
    « je te donne des outils, à toi de les emporter dans ta tête et de les utiliser en dehors de mon bureau ». Premier pas vers une généralisation qui n’est pas aisée à obtenir.

    Une remarque : il est noté dans la partie 2, au niveau de la partie qui incite à créer des définitions, de fabriquer un jeu notamment en coupant le long des pointillés et de coller « la ville ». Je
    n’ai pas compris à quoi cela faisait référence.

    • Bien vu, Adeline. Mais je laisserai Catherine répondre car elle parle beaucoup mieux que moi de son travail. Quand on la laisse s’exprimer, elle est même passionnante, comme vous avez pu le noter !

  10. Félicitations et  merci beaucoup Cath! Je te reconnais bien avec un travail aussi bien fait et rigoureux. Je diffuse à toute l’équipe de ma CS. 🙂

  11. Mille mercis pour ce travail formidable! Je me sens encore dans les débuts de ma vie d’orthophoniste, pas assez structurée et complète, et je sais que cela va m’aider en séance comme dans ce que
    je pourrai proposer aux parents à la maison. Vraiment merci, merci, merci!

  12. merci beaucoup, cela permet de mieux construire la rééducation du lexique, de rendre les enfants conscients de leur fonctionnement  (bien vu aussi le commentaire sur l’évocation en
    gestion mentale). C’est vraiment généreux de passer tout ce temps et de nous l’offrir.

    Maintenant on va pouvoir « piger » , et « se pratiquer »!!!!

  13. Merci beaucoup pour ce beau travail qui va certainement nous aider à affiner nos rééducations avec les enfants dysphasiques.

  14. C’est un plaisir de voir tout ce magnifique travail, si bien réfléchi et construit: mille mercis.

    Puis-je me permettre Catherine d’ajouter qq chose? Formée en gestion mentale, je conseille ceci: quand on propose de mettre dans sa tête, de prendre en photo, une image, un mot, etc…., ceci est
    valable pour tout apprentissage.

    1:regarder le mot, l’image ..

    2: cacher l’image, ou le mot, le faire venir dans sa tête mentalement: car il faut différencier la perception et l’évocation qui ne sont pas superposables: si l’enfant reste en perception
    (image, mot écrit visible, les yeux posés dessus), il ne pourra pas faire d’évocation volontaire consciente.Sa mémorisation sera moins efficace.

    3: faire des va et vient si besoin jusqu’à mémorisation correcte entre image-mot écrit, et évocation mentale:jusqu’à ce que l’enfant soit sûr de l’avoir dans sa tête.

    Mais au cours des va et vient, on regarde pour la partie perception, on cache obligatoirement, ou on détourne les yeux , ou yeux fermés si cela n’est pas anxiogène pour l’enfant, pour la partie
    évocation.

    jamais les deux en même temps.

    Pour ceux qui sont auditifs, dans sa tête, cela peut-être se parler: « ah carotte a deux « t » orange », et cela facilite l’image visuelle, dans le but de développer une mixité des stratégies,
    visuelle et auditive, sachant qu’on fonctionne préférentiellement d’une manière ou d’une autre, et qu’il faut respecter la stratégie de l’autre, et ne pas imposer la sienne qui ne lui conviendra
    peut-être pas.

    Puis, on entraine les deux stratégies , l’une et l’autre se complétant.

    Pour plus de détails, voir les formations en gestion mentale, très intéressantes pour nous orthos, mais aussi pour tous les apprenants en général.

    et encore fmerci pour ce cadeau.

    • Merci Christine. Voilà une bien belle manière d’utiliser les commentaires car, si les remerciements sont fortement et légitimement appréciés par les auteurs de partage, les discussions comme celle-ci sont non seulement appréciées mais elles sont aussi attendues ! Et c’est évidemment ici qu’elles ont le plus de sens.

  15. Quel beau document!!  Un grand merci pour ce merveilleux partage qui me sera fort utile lors de mes différentes interventions avec mes petits bouts. 🙂

  16. Mille merci!Je travaille avec une population multilingue et je rencontre très fréquement des problèmes d’accés lexical. Cette réflexion me sera très utile.

    Cécile

     

  17. Merci cela va permettre de passer plus de temps sur des notions abordées mais jusqu’à présent sans support si adapté à la sensibilité de l’enfant

  18. Merci Catherine pour ce cahier et pour tout ce travail sur l’accès lexical. Cela m’a permis de me reposer des questions et de repenser ma façon d’agir avec des enfants ayant des difficultés de ce
    type.

    Merci de nous aider à se poser des questions et, en même temps, de donner des éléments de réponses

    Cordialement

    Catherine F

    Ortho en Institut d’Education Motrice

  19. Un grand merci Catherine d’avoir partagé tous ces travaux sur PONTT concernant l’accès lexical. Tu me donnes plein d’idées et de précisions pour mon groupe accès lexical. Merci
    beaucoup!   Caroline 😉

     

  20. Quel travail! Je n’ai pas encore tout exploré mais je suis persuadée que cela va être vraiment très utile et très simple à utiliser avec des enfants ayant des troubles sévères du langage.

    Un grand merci Catherine

  21. J’avais lu avec beaucoup d’attention de Catherine et je regrette de ne pas voir mis de commentaire à l’époque

    Quel travail, ce cahier d’activités !! Un très grand bravo !!

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