Dyslexie: le cerveau singulier

Christian partage avec nous son compte-rendu de lecture du livre :

Dyslexie : le cerveau singulier – M. Habib, 288 pages, 1997 (Solal, Collection Neuropsychologie).

Préambule :

Pour le bilan de la dyslexie, il faut :

1/ en lecture : tester la voie lexicale (reconnaissance globale de mots courants) et la voie phonologique (logatomes) 2/ tester la conscience phonologique : soustraction de phonèmes, etc… 3/ tester la mémoire de travail  phonologique (empan de chiffres, à 11ans 7 à 8 chiffres) 4/ écriture sous dictée 5/QI

Le cerveau fini : nous offre un modèle de fonctionnement (modularité – connectivité)

• modèles de Broca et Wernicke : sont encore valables aujourd’hui. On décrit la bipolarité dans l’organisation du langage : un centre antérieur expressif et un centre postérieur réceptif reliés entre eux par le faisceau arqué.
• Plus la recherche avance plus on découvre des zones précises, petites, pour une activité donnée, précise.
• Les hémisphères sont asymétriques : 70% de la population : des droitiers, 25% sont plus ou moins ambidextres et 5% de vrais gauchers.
95% des droitiers ont leurs centre du langage à gauche, 40% des gauchers et ambidextres ont leurs centres du langage à droite. En général le langage est traité dans la région périsylvienne gauche.
• Une lésion pariétale gauche provoque une apraxie idéomotrice, une lésion pariétale droite provoque des troubles du traitement de l’espace (héminégligence ou apraxie constructive).
• L’attention : il existe des zones spécialisées, mais tout le cerveau et même le tronc cérébral participent.
• La mémoire : implique également des réseaux complexes.

Le développement du cerveau :

Les cellules nerveuses prolifèrent entre le 42ème et le 120ème jour. Après, c’est fini. Chaque structure cérébrale commence par une superproduction puis une élimination des neurones et axones.
C’est le processus « d’élimination compétitive des synapses ».

Relations entre cerveau et langage et son développement chez l’enfant :

• Théorie de Chomsky : « universaux du langage », les structures du langage sont génétiquement préétablies quelque soit la langue.
• Théories plus récentes : sélectivistes. Pour JP Changeux, il y a deux mécanismes fondamentaux : un générateur de diversité qui fabriquerait des représentations internes et un mécanisme de sélection qui choisirait parmi les représentations produites celles les mieux adaptées à l’environnement. Donc apprendre c’est éliminer (les synapses les moins utiles). Par exemple, l’enfant de 0 à 12 mois possède une très forte capacité à discriminer les sons. Après douze mois, il ne discrimine plus que les sons de SA langue.
• La spécialisation de l’hémisphère gauche pour le langage dure toute l’enfance jusqu’à la puberté. Chez l’enfant, on note une grande plasticité d’où une très bonne récupération chez les enfants aphasiques (probablement l’hémisphère droit qui prend le relais). Les deux hémisphères traitent du langage jusqu’à 3 à 5 ans. Cela diminue jusqu’à vers 10 ans, et c’est fini à 14 ans. Mais les expériences montrent que dès la naissance, l’hémisphère gauche est plus spécialisé dans le traitement de la langue et le droit dans le traitement de la musique.

La lecture et ses mécanismes physiologiques :

Au début, la pathologie neurologique suivait le modèle déconnexioniste : le traitement de l’info suit un circuit précis dans le cerveau, donc, si lésion = déconnexion.
Ce modèle a été critiqué par la naissance de la neuropsychologie cognitive dans les années 70. Pour eux, il y a deux modes de lecture : la voie phonologique (quand elle est touchée, on a affaire à une dyslexie profonde) et la voie lexico-sémantique (dyslexie de surface).
D’abord il y a le stade alphabétique (conversion graphème/phonème) puis, quand la conversion devient experte, on a le stade orthographique (reconnaissance de groupe de graphème ou de mots sans décoder).
L’apprentissage : modèle normal selon U. Frith
1) étape logographique : entre 4 et 6 ans, les indices contextuels (par exemple, la pub) permettent une reconnaissance d’abord externe puis interne.
2) Etape alphabétique : c’est l’apprentissage des relations entre formes visuelles et formes sonores. D’où la prise de conscience d’unités sublexicales. Il y a une relation non arbitraire mais ordonnée et une succession correspondante d’unité sonores et dans le temps et visuelles dans l’espace. C’est la lecture par assemblage, l’enfant va généraliser ses premiers acquis, le plaisir dela lecture se découvre (moteur pour l’envie).
3) Etape orthographique : quand l’étape alphabétique est bien en place, on passe à la lecture par adressage. Le mot lu, s’il a suffisamment été rencontré auparavant, sera « adressé » à un lexique interne qui le reconnaît sur sa forme visuelle globale (sans passer par sa correspondance avec sa forme sonore). L’adressage est le mode lecture le plus fréquent chez l’adulte normo-lecteur.
(d’ailleurs, on sait que le traitement analogique se fait de plus en plus sur des unités plus petites que le mot).

Mais ce modèle est contesté : il n’y pas de relation de continuité entre le stade logographique et alphabétique, car le stade logographique n’est pas généralisable. C’est pour ça que la méthode globale pure ne marche pas, mais l’apprentissage de l’écrit induit forcément l’apprentissage des correspondances phonèmes/graphèmes. La transition entre le stade alphabétique et orthographique repose toute entière sur la capacité qui se développe avec l’apprentissage de la lecture : la prise de conscience de la structure phonologique de la parole.

Conscience phonologique et apprentissage de la lecture :

Cette conscience de la structure segmentale de la parole est indispensable à l’apprentissage du code alphabétique et à l’installation du lexique orthographique. Dès 4/5 ans, l’enfant a une conscience syllabique, et vers 6 ans se met en place la conscience phonologique. Mais cette conscience phonologique dépend de l’apprentissage de la lecture (elle n’existe pas chez le chinois adulte). Si l’enfant ne parvient pas à segmenter les mots en syllabe vers 5 ans, c’est déjà un signe.

Modèle d’élaboration orthographique : modèle de Seymour

L’élaboration orthographique serait la conséquence de la maturation des processus alphabétiques et logographiques, à parts égales, qui interviendraient non pas de manière séquentielle (U. Frith), mais à un même niveau d’action, le « niveau de fondation ». Le réseau orthographique se constituerait « par la redescription des données du système logographique sous l’impulsion d’une motivation phonologique interne » (Seymour). En outre, la segmentation orthographique influencerait en retour la segmentation phonologique.
La conscience que l’enfant possède de la structure sonore des mots passerait par trois étapes : (d’après Goswami et Bryant), 1) conscience syllabique (qui apparaît avant l’acquisition de la lecture/écriture et 2) conscience intra syllabique 2)a) la segmentation attaque/rime (exemple train : attaque = tr et rime = ain) et ce vers 5/6 ans, puis 2)b) segmentation phonologique (vers 7 ans).
Les non-mots analogues (exemple jardin/pardin) seraient mieux lus que les non-mots non-analogues (ex : pardein).

Acquisition des aptitudes orthographiques :

L’étape alphabétique intervient alors que la lecture en est encore au stade logographique (GSmat) : s’il est possible de reconnaître des mots à partir d’indices visuels, l’écriture nécessite d’emblée l’usage du code alphabétique. A l’inverse, l’utilisation d’une stratégie orthographique en lecture suscite son apparition à l’écrit (il y a plus d’inconsistances dans la conversion phonème/graphème (lecture) que dans la conversion graphème/phonème (écrit)). Cette interaction entre lecture et écriture au stade orthographique est fondamentale pour comprendre comment chez le dyslexique, les différents types de perturbations qui entravent la formation du lexique orthographique aboutissent à la même chose : la dysorthographie.

Morphologie cérébrale du dyslexique :

La cause de la dyslexie est liée à une particularité de l’organisation du cerveau. Il présente des anomalies : des ectopies corticales (sorte de verrue corticale sur la couche la plus
superficielle du cortex). Elles sont nombreuses et préférentiellement à gauche. Il existe également trois autres anomalies : des polymicrogynies, des dysplasies locales, et des anomalies sous-corticales.

Les études d’Habib montrent la corrélation entre les échecs aux tests phonologiques et les anomalies (différences de morphologie du corps calleux + défaut d’asymétrie de la région pariétale inférieure : plus les anomalies sont grandes, plus les échecs sont grands).

Fonctionnement cérébral du dyslexique :

Le langage oral, souvent parait normal, mais il existe des difficultés discrètes. Une partie des dyslexiques parle un peu tard, une autre partie parle tôt, mais mal articulé.
La dysphasie est un trouble spécifique de l’acquisition de la parole, parfois c’est un problème moteur, parfois un problème de compréhension.
Ces dysphasies bénéficient de l’apprentissage de la lecture/écriture : 1/3 deviendront bons lecteurs, indemnes de troubles du langage écrit, 2/3 seront dyslexiques (de forme différentes de ceux qui n’ont pas eu de troubles du langage oral).

Liens entre le langage oral et la dyslexie :

– troubles de la conscience phonologique
– manque du mot (modéré – faire test de dénomination rapide)
– difficultés syntaxiques : difficultés pour acquérir les règles de grammaire et les utiliser (ex : déterminer si une proposition grammaticale est correcte ou non).
– Plus rare, des troubles de la compréhension
– Troubles de l’évocation lexicale.

Troubles de la conscience phonologique :

– la segmentation phonémique est la plus liée aux capacités de lecture.
– Difficultés à lire des non-mots, notamment des syllabes ou sons complexes et pour les difficultés particulières (lettres C G S)
– Plus grave : confusions sourdes sonores.

Troubles de la mémoire immédiate :

– empan de 4 ou 5 : insuffisant
– enfants dyslexiques ont des stratégies de compensation : mémoire visuelle remplace mémoire auditive

Dyslexie visuelle :

Les erreurs visuelles sont fréquentes :
– inversions (p/q)
– lettres proches : h/k, m/n
– paralexies : fins de mots inventées (ex : carabine pour carafe), déclinaisons (frappa pour frappé) et petits mots omis ou substitués sont les caractéristiques des dyslexies dyséidétiques (ou visuelles)

(pour tester : faire lire des mots présentés très brièvement).

Il s’agit là d’un déficit de la voie magno-cellulaire (dans le cortex visuel) : le dyslexique aura des difficultés à percevoir des stimulis visuels faiblement contrastés, mais seulement lorsque les stimuli se succèdent rapidement.

Troubles orthographiques chez le dyslexique :

La caractéristique la plus durable de la dyslexie, c’est la dysorthographie !
Dès le début, on constate des troubles d’apprentissage (parfois des troubles du graphisme associés) :
– des inversions
– des confusions visuelles et auditives
– des difficultés d’acquisition des règles de conversions des phonèmes ambigus
– et des difficultés de l’arbitraire (pourquoi Sapin et Citron ?)

La dyslexie de surface :

La lecture de non-mots est bonne, mais il y a des erreurs sur les mots irréguliers. La dysorthographie de surface : erreurs sur les mots irréguliers et erreurs phonologiquement plausibles (ex : ausséan)

La dyslexie phonologique :

C’est la plus fréquente : on trouve des erreurs sur les non-mots, pas de différence entre les mots irréguliers ou réguliers.
La procédure d’adressage est préférée : effet de lexicalité pas de régularité (peu sensibles aux régularités, mais + d’erreurs sur les non-mots irréguliers ou non)
La procédure d’assemblage est préférée : effet de régularité plus que de lexicalité (erreurs sur les mots irréguliers, peu sur les non-mots)

On suppose que si le déficit est visuel ils préfèrent la voie d’assemblage, si le déficit est auditif (phonologique), les deux voies sont touchées.

Notion de stratégie préférentielle :

Pour un même trouble, l’utilisation de la procédure d’adressage sera variablement affectée. Certains enfants vont utiliser l’adressage à chaque fois qu’ils croient reconnaître un mot (pour arriver coûte que coûte au sens) ce qui les amènera à faire des paralexies sémantiques ou lexicalisées des non-mots. D’autres s’acharneront à utiliser la correspondance grapho-phonémique, sans tenter de reconnaissance globale des mots. L’attitude plus « téméraire » des premiers est plus positive.

Troubles du traitement temporel :

Va-t-on vers une explication unitaire ? Le point commun entre les troubles visuels et phonologiques est le traitement séquentiel de l’information. Pour P. Tallal, il faut allonger les séquences d’information sonore pour mieux discriminer.

Images du cerveau en fonction :
• EEG et ERP (potentiels évoqués)
• TEP (tomographie d’émission)
• IRM fonctionnelle
• MEG

Dyslexie : conséquence d’un trouble de la maturation de certains systèmes impliquant de manière prédominante certaines aires corticales de l’hémisphère gauche et leurs connexions avec des régions corticales et sous-corticales des deux hémisphères. L’un des facteurs d’interférence dans cette maturation pourrait être la testostérone, d’où la prédominance de garçons dyslexiques.
Hypothèse : susceptibilité génétiquement déterminée qui ferait le lit d’anomalies des migrations neuronales et de la connectivité (elles-mêmes favorisées par l’action des hormones).

Aphasie et dysphasie :

La dysphasie la plus fréquente est celle avec déficit phonologique-syntaxique : troubles de l’expression prédominent les troubles de la compréhension, le langage est peu fluent, il y a un manque du mot, l’articulation est imprécise, des défauts majeurs d’ordre syntaxique tant sur le plan de l’expression que de la compréhension. Cela ressemble beaucoup à l’aphasie de Broca chez l’adulte.

Dysphasie et dyslexie :

40% des enfants dyslexiques ont des troubles du langage oral. Par contre, ceux qui ont récupéré un langage oral normal à 5 ans, n’ont pas de risques particuliers. (chez les dyslexiques dysphonétiques 60% ont des troubles du LO)

TDHA : il recommande d’abord l’homéopathie (élimine l’effet placebo) puis si nécessaire, Ritaline.

Dysgraphie-dyspraxie :

Certains enfants présentent une DO mais pas de DL… souvent ils sont dysgraphiques voire dyspraxiques. Souvent ils ont une mauvaise latéralisation, des antécédents dyspraxiques dans la petite enfance allant jusqu’à la prise en charge en psychomotricité.
On trouve fréquemment l’association dyslexie gaucherie maladie auto-immune.

Traitements neurologiques de la dyslexie :

• traitements basés sur la notion de latéralisation anormale et de troubles visuels : résultats mitigés
• traitements basés sur la notion de troubles articulatoires : très prometteurs car la conscience juste de l’articulation permet de développer une bonne conscience phonologique.
• Entraînement des capacités élémentaires du traitement temporel (Tallal) : conditionnement opérant via des jeux vidéos. Exemples : paires de sons dont l’intervalle varie, l’enfant doit
déterminer si l’intervalle augmente ou diminue, ou discriminer deux phonèmes (ba/pa) dont le degré de voisement est de plus en plus proche, ou exercices à débit ralenti.

 

Vos contributions sont toujours les bienvenues !!! Merci.

11 réflexions sur “Dyslexie: le cerveau singulier”

  1. en fait, suite à un petit problème similaire avec ma fille,  je crois avoir compris que je me suis fait surtout corriger ma dyslexie au fur et à mesure des apprentissages du primaire par ma mère, la famille étant bien plus dyslexique que ce que je croyais, je trouvais  bien parfois quand même que les enseignants n’expliquaient pas très bien   … et  je comprends un peu mieux les problèmes rencontrés depuis !!!      
     

  2. slt tt le monde, merci pour ces inforations m g tant aimé si vous expliquez par un shéma le modèle de seymour ça sera plus facile à le comprendre

    • En raison des droits de copie, je ne pourrai mettre le modèle en ligne. J’ai longuement cherché, par Google interposé (dont on nous dit qu’il est notre ami), si je pouvais en trouver un schéma sur le net mais je n’ai pas trouvé. Si quelqu’un trouve, qu’il n’hésite pas à mettre le lien ici. Je ne sais pas s’il existe mais le but est bien d’inviter à lire les originaux en passant par les bibliothèques si nécessaire.

  3. bonjour

    dapres certain chercheurs notre cerveau est predisposer au langage oral mais pas au lanlague ecrit !
    donc une question ceux qui on des pb a lecrit auraient il des pb pour metriser loral sans que cela soit tres perceptible et gene reellement lecrit ??
    DS CE CAS CEUX QUI ON DES PB ECRIT serait des micro dysphasie a la base ??

    cathy

  4. Merci d’avoir formulé parfaitement mon problème mais…
    …Dites….
    Vous ne recopierez vos réponses sur d’autres sites ????…
    Ce qui me fait rigoler, c’est que la suite de ce que vous avez recopié me donne raison…

    http://www.myouaibe.com/index.php/category/Webmaster

    mercredi, mai 30 2007
    Les fautes de frappes de mots clé recherchés

    Inversion de deux elttres lettres consécutives, frappe d’une lettre à la plrce place d’une autre sur le clavier sont des erreurs courantes que nous faisons tous. En plaçant dans vos pages web des mots clé mal orthographiés, vous récupérerez facilement du trafic ciblé sur vos mots-clés, tout en rendant service aux étourdis et aux dyslexiques.

    • Eh non, Jeannot, je n’avais pas vu cette page (mais sans doute d’autres…). Et, si à cet endroit on parle de dyslexiques, cela ne signifie pas, toujours a priori, que lui et vous ayez raison. Mais si d’autres ont un avis différent du mien, il est évident qu’ils sont invités à s’exprimer. Et, si j’ai tort, c’est bien volontiers que je le reconnaîtrai.
      J’ajouterai que, si ce que vous décrivez devait être considéré comme un trouble ou un déficit (ce qui est évidemment envisageable), on ne parlerait certainement pas de dyslexie mais de dysgraphie périphérique propre à une modalité d’écriture.

  5. "Le point commun entre les troubles visuels et phonologiques est le traitement séquentiel de l’information."
    est-ce que ça correspond  bien : faire des fautes d’inversion de lettres,  typiques  de la dyslexie , jamais en écrivant à la main, mais répétes au clavier
    C’est une
    difficulté discrète mais l’apprentissage ne semble rien changer

    • L’inversion de 2 lettres consécutives et la frappe d’une lettre à la place d’une lettre voisine sur un clavier sont les erreurs de FRAPPE les plus fréquentes, surtout si on tape vite… Mais cela n’a a priori rien à voir avec la dyslexie!!!

  6. Merci beaucoup pour toutes ces informations. J’apprécie beaucoup votre site.  Nous avons pu assister à deux conférences de M. Habib en juin au Colloque de l’OOAQ à Gatineau au Québec mais c’est aidant de pouvoir avoir ce résumé de lecture. Nous sommes actuellement en train de réorganiser notre modèle de service auprès des élèves dyslexiques de notre région. 

    Josée

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