Concrétude 14

Conclusions et perspectives

J’espère que cette série de messages sur les effets de concrétude aura intéressé certains visiteurs. J’espère aussi qu’ils ont été suffisamment nuancés pour vous permettre de conclure au fait que les diverses théories présentées ne sont pas mutuellement exclusives. Le message précédent se terminait d’ailleurs par « il nous semble qu’ils (Breedin et al., 1994) favorisent une hypothèse de double codage sans exclure la validité potentielle des autres théories ».

Les dernières années ont donné naissance à un certain nombre d’études électro-encéphalographiques destinées à examiner par des moyens différents les sources potentielles des effets classiques de concrétude (voir e.a. Qin Zhang et al., 2006). Sans entrer dans les détails, ces études tendent à donner raison à une théorie comme celle de la disponibilité contextuelle (l’onde N400, reflétant un processus d’intégration sémantique, est plus importante lors du traitement des mots concrets que lors du traitement des mots abstraits). Cependant et par ailleurs, la distribution de l’activité corticale n’est pas identique pour les mots concrets et abstraits. Les mots concrets et abstraits accèderaient donc à des structures cognitives et neurologiques différentes. Ainsi, les mots concrets donneraient lieu à une plus grande activité dans les lobes pariétaux gauche et droit, dans le lobe frontal inférieur gauche. Ceci signifierait qu’on ne peut aisément accepter l’hypothèse d’un code sémantique unique et que, donc, la théorie du double codage reste pertinente mais doit être élargie. Les mots concrets conduisent à une plus grande participation des deux systèmes, le verbal et le non-verbal. Ainsi, selon Holcomb et al. (1999), l’avantage classique des mots concrets sur les mots abstraits serait du à la fois au plus grand nombre de connexions associatives (sémantique verbale) ET à l’utilisation de l’imagerie mentale.

Enfin, pour terminer, il est intéressant de noter que les verbes et les noms ne donnent pas lieu à un pattern d’activation cérébrale identique. La source de l’effet de concrétude et la représentation mentale n’est apparemment pas la même pour les noms et les verbes concrets. La signification de beaucoup de verbes concrets est en effet liée à la modalité motrice (aux programmes moteurs et donc aux sites centro-pariétaux de l’hémisphère gauche) alors que la signification des noms concrets est plutôt liée à la modalité visuelle.

Bibliographie

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