Auteurs : Robertson, I.A., Hogg, K. & McMillan, T.M.
Revue : Neuropsychological Rehabilitation, 1998, 8 (1), 19-29
Pour rappel, la technique d’indiçage spatio-moteur dans la rééducation de l’héminégligence se fonde sur l’idée que l’attention spatiale relève de plusieurs circuits dissociables qui activent les les neurones prémoteurs dans un système de référence spatiale. Les mouvements d’une partie gauche du corps activent les circuits moteurs de l’hémisphère droit et les circuits attentionnels associés, ce qui accroît l’attention portée à l’hémichamp gauche.
Plusieurs études de cas ont montré que la technique pouvait réduire la négligence et améliorer les performances des patients dans les activités de tous les jours, et ce même plusieurs semaines après l’arrêt de la rééducation. En effet, la conscience qu’a le patient du côté gauche de son corps augmentant, la probabilité de faire des mouvements spontanés avec ce côté gauche croît et l’indiçage spatio- moteur s’entretient en boucle.
L’étude présentée ici cherche à répliquer ces observations et à voir si les effets sont obtenus et persistent dans les différents domaines de l’attention spatiale (espace personnel, extra personnel proche et lointain).
Un patient de 22 ans, héminégligent depuis 18 mois et souffrant d’une hémiplégie partielle gauche, est soumis quotidiennement durant 13 à 20 jours (selon les tâches) à trois tests. Suivent alors une période de 18 jours de rééducation pendant laquelle les trois tests sont proposés avant chaque séance et, enfin, une période de 8 ou 9 jours de phase post-thérapeutique durant laquelle les tests sont à nouveau présentés quotidiennement.
Les trois tests utilisés sont :
– Le test du peigne (espace personnel, voir un message précédent sur PONTT).
– Le test de navigation (espace lointain ou locomoteur). Une route composée de 7 portes et de 3 couloirs est fixée dans l’hôpital. Ce chemin est réalisé dans les deux sens et on note à chaque fois (20 estimations) si les portes ou les couloirs sont franchis à droite, à gauche ou au centre.
– Le test de la planche de cuisson (espace proche). Le patient doit disposer, de façon aussi symétrique que possible, 16 blocs de bois (les brioches) sur un plateau de 50 x 75 cm comme s’il voulait les mettre au four. On compte les blocs mis à gauche et à droite.
Durant les trois phases de l’étude, le patient bénéficiait d’une thérapie occupationnelle faite d’exercices divers d’exploration visuelle (lecture, catégorisation d’images, …).
Durant la phase expérimentale proprement dite (celle du milieu), on attachait au bras gauche du patient un dispositif d’alerte : une petite boîte métallique (12 x 8 x 2 cm) avec un interrupteur qui lui est lié par un câble. Le boîtier émet un son vibrant à intervalle régulier (toutes les 8 secondes dans cette étude) et une lumière rouge s’allume. Le patient tient l’interrupteur dans sa main gauche et doit arrêter le bruit dans l’intervalle par une pression dont la force peut être ajustée à ses capacités.
Durant chacune des 18 séances de rééducation, le patient a en moyenne correctement et spontanément « éteint » le dispositif 101 fois. Il l’a fait en moyenne 5.3 fois en plus encouragé par le thérapeute et a omis de répondre 15.3 fois.
Les résultats montrent que, durant la phase thérapeutique expérimentale, il y a une diminution de la négligence dans les trois tâches. Cependant cet effet n’est maintenu à plus long terme chez ce patient que dans la tâche qui concerne l’espace extra personnel proche.
Les auteurs spéculent sur le fait que les deux autres tâches demandaient peut-être trop d’effort à ce patient souffrant de déficits sensoriels et moteurs gauches pour qu’un effet à plus long terme soit maintenu.
http://www.tandf.co.uk/journals/pp/09602011.html
http://www.psypress.co.uk
Bill
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