Auteurs : Maddicks, R., Marzillier, S.L., & Parker, G.
Revue : Neuropsychological Rehabilitation, 2003, 13 (3), 391-408
Les auteurs tentent de répliquer l’étude de Robertson et al. (1998) en utilisant des tests différents et en appliquant la procédure chez un patient dont la lésion est beaucoup plus récente (8 semaines).
Ceci conduit les auteurs à adopter un paradigme ABABA où les phases B sont les périodes de rééducation expérimentale et les phases A les périodes d’établissement de la ligne de base, d’arrêt du traitement et d’évaluation post thérapie. Chaque phase dure 5 jours (pas les week-ends) et les trois tests sont donc proposés 25 fois sur 5 semaines. Durant les 5 semaines, le patient continuait à bénéficier d’une thérapie occupationnelle et kinésithérapeutique. Durant les phases expérimentales (B), un dispositif similaire à celui employé par Robertson était utilisé durant des séances de 40 minutes SANS autres activités. L’appui sur l’interrupteur était réalisé avec le pied gauche, la main n’étant pas utilisable.
Notons que ce patient était parfaitement nosognosique.
Les trois tests quotidiens étaient :
– Le test du rasoir (pendant 1 minute, voir un message précédent sur PONTT).
– Le test dit des pièces de monnaie. 54 pièces (1 pouce, 2 et 5 pouces) sont disposés sur la table de façon équilibrée droite/gauche. La tâche est de ramasser le plus de pièces en une minute. L’estimation de la négligence se fait en comptant les pièces qui restent de chaque côté de la ligne médiane.
– Le test des formes. Vingt pièces de formes et de couleurs variables sont disposées symétriquement sur un mur à 3 mètres du patient qui doit dénommer ce qu’il voit. On compte les pièces non vues à gauche.
Les résultats de cette étude sont en réalité peu informatifs. En effet, il s’avère :
– que le patient ne néglige pas dans la tâche du rasoir (même lors de la première phase A),
– qu’il adopte une stratégie de ramassage des pièces droite/gauche qui ne permet pas de conclure qu’il néglige effectivement dans l’espace extra personnel proche,
– qu’il y a une amélioration des performances dans la tâche des formes et que cette amélioration se poursuit après traitement mais que, malgré les précautions prises, on ne peut rejeter l’hypothèse que cela soit du à une amélioration spontanée (des progrès apparaissent déjà durant la première phase A).
Notons encore que le patient a été soumis avant et après (6 semaines d’intervalle) à l’échelle d’évaluation fonctionnelle de l’héminégligence de Catherine Bergego (Bergego et al., Annales de Réadaptation et de Médecine Physique, 1995, 38, 183-189 ; Azouvi et al., Neuropsychological Rehabilitation, 1996, 6, 133-150). Cette échelle porte sur 10 questions ayant trait à 10 activités quotidiennes (manger, s’habiller, …). Pour chaque question, la négligence est estimée sur une échelle à 4 points (0 = pas de négligence, 3 = négligence sévère). Avant et après l’expérimentation, le patient garde un score sévère de 10/30.
Si les résultats expérimentaux de cette étude sont peu révélateurs en définitive, on voit cependant à quel point il peut être difficile de juger de l’efficacité d’une tentative de rééducation à la phase aiguë de l’accident (choix des tests, fiabilité des mesures, variabilité des performances chez un même sujet testé à différents moments d’une même phase, possibilités motrices et attentionnelles globales).
L’intensité et la longueur du traitement pourraient aussi être des facteurs décisifs. De même peut-être que l’absence ou non de conscience de l’héminégligence.
http://www.tandf.co.uk/journals/pp/09602011.html
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