Titre : The pre-exposure technique: Enhancing the effects of errorless learning in the acquisition of face-name associations.
Auteurs : Theodora Kalla, John Joseph Downes, and Martin van den Broek
Revue : Neuropsychological Rehabilitation, 2001, 11 (1), 1-16
Cet article fait suite à une étude de Downes et coll. (1997). Dans celle-ci, les auteurs comparaient les performances de patients amnésiques dans cinq conditions d’apprentissage d’associations de noms et de visages.
Dans les conditions 1, 3, 4 et 5, les visages étaient présentés durant 10 secondes.
– Dans les conditions 1 et 2, le nom à associer au visage n’était présenté que durant les 4 dernières secondes. Dans la condition 1 (expérimentale), durant les 6 premières secondes, les sujets voyaient le visage et devaient répondre à deux ou trois questions du type « vous paraît-il honnête ?, sympathique ?… »).
Dans la condition 2 (de contrôle), les 6 premières secondes étaient vides. Il n’y avait donc pas de phase de pré exposition.
– Dans les conditions 3 et 4, les noms et les visages étaient présentés durant 10 secondes. Dans la condition 3 (expérimentale), des instructions d’imagerie étaient données (par exemple, imaginez que Mr Renard a une longue queue touffue à la place du nez). Dans la condition 4 (de contrôle), ils n’étaient qu’invités à apprendre les noms associés aux visages.
– Dans la condition 5, les conditions expérimentales 1 et 3 étaient combinées (pré exposition des visages et stratégie d’imagerie).
Les résultats montraient que les performances mnésiques étaient meilleures dans les conditions expérimentales (de pré exposition et d’imagerie) que dans les situations de contrôle. La pré exposition des visages (et les jugements posés) permettrait aux sujets de former une représentation perceptuelle plus adéquate des visages.
Elle agirait à un stade d’encodage de la chaîne des traitements mnésiques. Quant à l’imagerie, elle opérerait sur une image transformée du nom qui interagirait avec la représentation du visage.
Cette dernière étant plus stable après pré exposition des visages, on pouvait s’attendre à ce que la stratégie mnémonique d’imagerie soit plus efficace dans la condition 5. C’est effectivement ce qui était observé : les performances étaient quasiment multipliées par deux.
Dans l’expérience présentée en 2001, 20 photographies monochromes de personnages inconnus et 20 prénoms et noms propres sont utilisés.
Quatre conditions expérimentales (4 groupes de 5 associations photo/prénom + nom) sont proposées à douze sujets amnésiques. Ces 4 conditions sont :
1. Apprentissage Errorful (E-FUL)
2. Apprentissage Errorless (E-LESS)
3. Apprentissage Errorless plus pré exposition 1 (PRE X 1)
4. Apprentissage Errorless plus pré exposition 2 (PRE X 2)
A chaque essai, une phase d’étude des 5 associations précède une phase de tentative de rappel du nom complet sur présentation des photos. Chaque patient dispose d’un maximum de 10 essais ou l’expérience est arrêtée lorsqu’au moins 4 des 5 noms sont fournis.
Dans les quatre conditions, les visages étaient exposés pendant 6 secondes.
Pour la facilité de la présentation dans ce compte-rendu, je parlerai d’abord des deux premières conditions, puis des deux suivantes.
Dans la condition 2 (apprentissage sans erreur, E-LESS), après 6 secondes de présentation du visage, le nom complet est donné par l’expérimentateur.
Dans la condition 1 (apprentissage avec erreurs, E-FUL), après les 6 secondes de présentation du visage, le nom est donné par l’expérimentateur et les patients sont invités à deviner le prénom par trois fois (ou moins aux essais 2 à 10 si le prénom correct est fourni par le patient). Ensuite, le nom complet est donné par l’expérimentateur.
Les comparaisons des performances entre ces deux conditions indiquent un avantage significatif de l’apprentissage sans erreur sur l’apprentissage avec production d’erreurs.
Dans les deux autres conditions (3 et 4 : PRE X 1 et PRE X 2), l’apprentissage est du type « sans erreur ». Dans la condition PRE X 1, les sujets sont, durant une pré exposition de 6 secondes, invités à répondre à des questions telles que « vous paraît-il honnête ?, sympathique ?… ». Dans la condition PRE X 2, le nom propre écrit est également pré exposé.
Les comparaisons des performances entre ces deux conditions n’indiquent pas de différences significatives.
Mais les résultats les plus importants viennent des comparaisons entre les conditions 3 et 4 d’une part et la condition 2 d’autre part. En effet, la combinaison d’un apprentissage sans erreur et d’une pré exposition des visages accompagnée d’évaluations non spécifiques de ceux-ci permet de pratiquement doubler les capacités d’apprentissage des amnésiques.
Cette étude tend donc
– à confirmer des observations précédentes qui montraient aussi qu’un apprentissage où les sujets peuvent produire ouvertement des erreurs interfère avec l’acquisition d’associations visages/noms.
– A confirmer ou montrer que le fait de pré exposer les visages augmente très significativement l’efficacité d’un apprentissage sans erreur (comme c’était le cas pour l’apprentissage avec stratégie d’imagerie). De plus, la nette supériorité des performances en condition PRE X 1 par rapport à la condition 2 d’apprentissage sans erreur indique que ce n’est pas la pré exposition seule qui est efficace mais bien celle-ci combinée aux jugements d’évaluation, une stratégie mnésique efficiente.
Voir aussi :
Downes, J.J., Kalla, T., Davies, A.D.M., Flynn, A., Ali, H., & Mayes, A.R. (1997). The pre-exposure technique: A novel method for enhancing the effects of imagery in face-name association learning. Neuropsychological Rehabilitation, 7, 195-214
Note: L’apprentissage sans erreur (avec ou sans pré exposition) ne me paraît pas être une technique courante en orthophonie. J’espère, dans un prochain message, pouvoir aborder cette question.
Et ainsi, au moins, soulever des pistes de réflexion…
http://www.psypress.co.uk
http://www.tandf.co.uk/journals/pp/09602011.html