Concrétude 5

EFFETS DE LA CONCRETUDE DES MOTS SUITE A UNE LESION CEREBRALE : LES FAITS. (1)

Dans les messages qui suivent, une présentation sera faite de certaines données extraites de la littérature. Les interprétations de ces données seront proposées plus tard par souci de cohérence.

La littérature neuropsychologique comporte un assez grand nombre de descriptions de patients cérébro-lésés dont les performances, dans l’une ou l’autre tâche dont la réalisation implique le recours aux informations stockées en mémoire sémantique, sont meilleures lorsque des mots concrets sont présentés que lorsqu’il s’agit de mots abstraits. Selon Goodglass, Hyde et Blumstein (1969, cités par Breedin, Saffran et Coslett en 1994), cet avantage des mots concrets serait même la règle générale pour les patients aphasiques. Cet « effet de concrétude » ne serait d’ailleurs qu’une amplification d’un effet classiquement observé dans des populations de sujets sains.

Il existe cependant quelques études de cas qui démontrent que l’effet inverse est possible. Ainsi, Breedin et coll. (1994) recensent quatre publications dans lesquelles un patient est décrit comme ayant des performances supérieures pour les mots abstraits :
– AB (Warrington, 1975), un cas de démence sémantique (voir plus loin dans ces messages) fournit de meilleures définitions des mots abstraits que des mots concrets ;
– CAV (Warrington, 1981) comprend mieux les mots abstraits et il les lit plus aisément ;
– SBY (Warrington et Shallice, 1984), souffrant de lésions temporales gauche et droite, comprend et définit mieux les mots abstraits ;
– FB, atteint d’encéphalite herpétique avec lésions temporales bilatérales (Sirigu, Duhamel et Poncet, 1991), définit plus correctement les mots abstraits (ex : « société » est défini comme un large groupe de personnes qui vivent de la même manière et qui partagent les mêmes principes alors que « canard » est défini comme un petit animal à quatre pattes) et présente une fluence verbale suscitée plus élevée pour les mots abstraits (sentiments, professions, pays : total de 37 mots fournis) que pour les mots concrets (fruits, outils, meubles : total de 17 mots fournis).

Références

Sirigu, A., Duhamel, J. & Poncet, M. (1991). The role of sensorimotor experience in object recognition. Brain, 114, 2555-2573.
Warrington, E.K. (1975). The selective impairment of semantic memory. Quarterly Journal of Experimental Psychology, 27, 635-657
Warrington, E.K. (1981). Concrete word dyslexia. British Journal of Psychology, 72, 175-196
Warrington, E.K., & Shallice, T. (1984). Category-specific impairments. Brain, 107, 829-854

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