Auteurs: Nicoletta Beschin and Ian H. Robertson
Revue: Cortex, 1997, 33, 379-384
Dans le compte-rendu précédent, vous aurez sans doute noté que la négligence personnelle était évaluée de manière assez sommaire (et un déficit proprioceptif pourrait à lui seul expliquer un mauvais résultat à la tâche) et que je n’ai donc pas insisté sur les résultats à ce test. Celui-ci avait en réalité été proposé par Bisiach et al. en 1986 (Neuropsychologia, 24, 759-767).
Beschin et Robertson définissent la négligence personnelle comme un manque d’exploration de la moitié du corps controlatérale à l’hémisphère endommagé. Cette négligence personnelle peut être soit considérée comme une altération spécifique de la représentation du côté gauche du corps, soit comme une incapacité à faire le lien entre informations perceptuelles et représentation corporelle.
En 1991, Zoccolotti et Judica (Neuropsychological Rehabilitation, 1, 33-34) ont proposé trois tâches destinées à mieux cerner cet aspect de la négligence : se coiffer, se raser (hommes) ou se maquiller (femmes) et mettre ses lunettes. La négligence unilatérale personnelle était à nouveau estimée assez sommairement sur une échelle à 4 points allant de « performance normale » à « déficit sévère ».
Beschin et Robertson ont donc cherché à :
– évaluer de nouvelles procédures plus sensibles,
– valider le test d’un point de vue clinique dans différents groupes de cérébro-lésés,
– vérifier l’existence de dissociations possibles entre négligence personnelle et extra personnelle.
Les sujets qui ont participé à l’étude sont 31 patients LHD (groupe 1 : 17 négligents visuels dans l’espace extra personnel gauche et, groupe 2 : 14 non héminégligents – cette négligence était testée au moyen de 3 tests de barrage, un test d’illusion, un test de copie de figures géométriques et un test de dessin de mémoire), 13 patients LHG (groupe 3) et 17 sujets de contrôle (groupe 4).
Les tests de négligence personnelle étaient :
– Le test du peigne. Les sujets sont invités à se peigner durant une période fixée à 30 secondes et le nombre de coups de peigne est enregistré en fonction de leurs positions sur la tête (gauche, droite ou ambiguë).
– Le test du rasoir (ou du poudrier, pour les femmes) suit la même logique que le précédent (côté gauche, droit ou ambigu du visage).
Pour chaque test, un score est obtenu en appliquant la formule suivante :
% gauche = coups à gauche / total des coups.
Puis ces scores ont été additionnés et le total divisé par 2 afin de n’obtenir qu’un indice de négligence personnelle, ce score combiné étant alors utilisé dans les analyses.
Les résultats indiquent :
– Une corrélation très élevée entre test et re-test,
– Que les performances sont équivalentes pour les sujets de contrôle et les patients LHG, que ces deux groupes négligent moins que les patients LHD sans négligence extra corporelle, ces derniers présentant globalement moins de négligence personnelle que les héminégligents extra personnels.
– Que 15 des 31 patients LHD présentent une négligence personnelle : 10 du groupe 1 et 5 du groupe 2. En fait, 7 patients présentent une négligence extra personnelle franche sans négligence personnelle et au moins 2 patients présentent une négligence personnelle sans négligence extra personnelle.
Cette étude conduit donc à mettre en évidence l’existence de doubles dissociations entre négligence personnelle et extra personnelle.
Les auteurs se posent aussi la question de savoir si le grand nombre de négligences personnelles ne pourrait pas, au moins en partie, expliquer les résultats prometteurs de stratégies de rééducation de l’héminégligence qui se focalisent sur l’activation d’un membre controlatéral à la lésion.
Je reviendrai sans doute sur ces techniques dans un autre message…. Je ferai aussi le compte-rendu d’un article où l’on propose une autre manière de tester la négligence personnelle.
Bill
http://www.masson.it/
http://www.cortex-online.org